Témoignages

Poésie, légèreté, flottement…
Violaine Manya, Paris

 

 “Je suis littéralement émerveillée par le travail de Catherine Névin tout en finesse, en poésie : prouesse quand on connaît la difficulté de ce matériau improbable pour la sculpture qu’est la porcelaine !

En ouvrant les portes de son imaginaire, Catherine ouvre le nôtre : nous nous approprions avec une grande émotion toute sa fantasmagorie, ses créatures de rêve, pour les faire nôtres ! En exaltant la matière, elle nous réconcilie avec ce que nous avons de plus profond en nous …

Elle nous rapproche ainsi du surréalisme qui nous ouvre sur une autre réalité. C’est du bonheur à l’état pur. Un véritable prodige !

Mille mercis à Catherine et à la galerie Tokonoma, pour nous porter ainsi au-delà de nous-mêmes au plus profond de nos émotions …”

Mme Brigitte Ayrault (qui a parrainé la dernière exposition à Paris, village St Paul) – 21.02.2013

 

“Il n’existe pas, à ma connaissance, de travail artistique équivalent à celui qu’a entrepris Catherine Nevin, tant sur la matière choisie, la porcelaine, que par l’expression que l’artiste y met. La délicatesse de ses œuvres, la poésie qui s’en dégage, font de chacune de ses réalisations un objet exceptionnel, ce qui est le propre de l’art bien sûr, mais son talent exprime aussi avec la grâce, un mélange d’inventivité et de fragilité qui est le propre de sa personne. Rarement un artiste a su si subtilement exprimer ce qu’il y a de plus profond en lui. Pour ces raisons, le travail de Catherine Névin est unique.

Elle est parvenue à un telle maîtrise de ses capacités qu’il faut maintenant lui permettre de laisser son esprit vagabonder, son talent s’exprimer, sous peine de nous priver, nous, de l’exceptionnel. Il faut lui donner non seulement les moyens de concrétiser ses aspirations, mais surtout lui offrir un cadre et des moyens qui doivent lui permettre de donner la pleine mesure de ses talents. L’oeuvre de Catherine Névin a besoin de s’épanouir dans les meilleures conditions, pour nous éblouir, pour que l’Art y trouve son compte.”

Thierry Wolton, Ecrivain, Paris

 

“Cour Saint-Paul. En passant devant la galerie de Catherine Névin, je remarque dans la vitrine un livre ouvert d’où jaillit une structure blanche. Je crois voir, matérialisées sous mes yeux, les relations que j’imaginais, écolière, à l’intérieur des phrases, pendant les cours de grammaire : les alliances entre les propositions principales et les propositions relatives, la connivence entre les propositions circonstancielles de temps, de cause, de condition – tous ces trajets que la syntaxe dessine sur la page blanche pour baliser la danse capricieuse des idées, leur imposer une chorégraphie. Cela a suffi pour me faire entrer.

J’ai demandé à Catherine Névin de quoi était composée la porcelaine. Elle m’a offert des mots sortis des cours de sciences naturelles de mon enfance : kaolin, feldspath, quartz…

Ces structures de porcelaine sont les fossiles des rêves de Catherine Névin. Elles s’apparentent aux fossiles à cause de leur extrême blancheur et de ce que leur matière a d’apparemment friable – j’ai pensé à des squelettes d’étoiles de mer. Mais les fossiles de la terre sont prisonniers de la matière – de strates géologiques, de gangues d’argile – alors que ceux de Catherine Névin ne s’ancrent nulle part. Ils poussent librement, comme ces plantes épiphytes qu’on appelle « filles de l’air » parce que l’air et l’eau suffisent à leur joie, elles n’ont pas besoin de la terre.

Ces structures ne sont pas les reliques de choses qui ont existé, mais les traces ténues de rêves, de désirs, de pensées, de tous ces fantasmes qui ne laissent de traînes que dans la mémoire.

Il y a quelque chose d’entêté dans la manière qu’ont ces structures d’occuper l’espace : elles le font à la façon minutieuse dont les graines germent, poussant dans l’air leurs cotylédons au bout de tiges grêles, ou encore à la façon dont un rêve nocturne s’obstine à infiltrer les pensées du jour. D’ailleurs, alors qu’on est en train de les regarder, appliquées contre les murs de la galerie ou à l’abri de leur cloche de verre, on soupçonne qu’elles ne sont pas figées, qu’elles continuent secrètement à sécréter ; on n’est pas sûr qu’elles ne sont pas en train de vous inclure dans leur rêve.

J’ai reconnu deux genres différents dans ces sculptures : il y a celles qui existaient déjà dans « l’espace du dedans » – comme dirait Michaux – de Catherine Névin, et qui se sont imposées à l’espace du dehors, faisant éclore dans l’air des formes longtemps incubées dans les limbes du rêve ; et il y a celles dont les formes errantes peuplaient l’espace du dehors, mais invisibles, et qui se sont retrouvées révélées (au sens photographique) en corolles et en coraux, en gerbes et en spirales, en filaments, en capillaires. Ça ne s’est pas fait à la manière brutale dont un volcan, en une seule poussée de lave, minéralise un corps de chair, l’emmaillote d’un lange de pierre blanche, mais comme si une vapeur, une respiration, avait enveloppé amoureusement d’un réseau ténu toutes ces formes imperceptibles pour les forcer à apparaître.

En regardant ces structures me sont venues à l’esprit des titres de livres de Henri Michaux : La nuit remue, L’infini turbulent, Face à ce qui se dérobe, Le jardin exalté.”

Loreleï

Rédactrice, correctrice, Paris